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 Secret Story est un émission perverse et leurs téléspectateurs sadique d'après François Jost, analyste des médias pour le Nouvel Observateur

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MessageSujet: Secret Story est un émission perverse et leurs téléspectateurs sadique d'après François Jost, analyste des médias pour le Nouvel Observateur   Secret Story est un émission perverse et leurs téléspectateurs sadique d'après François Jost, analyste des médias pour le Nouvel Observateur Icon_minitime1Lun 3 Sep 2012 - 15:02

La sixième édition de "Secret Story" a commencé ce vendredi. François Jost, analyste des médias approché par la production de l'émission, décrypte ce programme, son mécanisme et les clés de son succès. Plus de 10 ans après les premières télé-réalités, comment ce genre s'est-il métamorphosé ?


Il y a un peu plus de dix ans, je proposais à un grand éditeur parisien un livre sur la télé-réalité. Sa réponse fut sans appel : "c’est un phénomène passager. Dans quelque temps, cela n’intéressera plus personne." Heureusement, une petite maison d'édition, moins solide mais plus au fait de l’évolution de la société, me fit confiance et publia "L’Empire du loft", qui, depuis, a fait l’objet d’une deuxième édition. Force est de constater, en effet, que le "phénomène passager" s’est installé dans le paysage audiovisuel mondial et que, malgré sa mort annoncée chaque année, il reste un sujet de discussion récurrent et une opération financière juteuse pour les chaînes qui le font vivre. Pour preuve, "Secret Story", qui démarre ce vendredi soir sur TF1, qui en est aujourd’hui à sa sixième saison.

Plus réel que n’importe quel genre télévisuel

Le succès de la "télé-réalité" fut d’abord celui d’un nom. Dans le contexte de l’après-Timisoara, où les images d’une dizaine de corps autopsiés avaient été présentées comme un "charnier" prouvant la barbarie du dictateur communiste Ceauscescu, dans le contexte de l’après-Guerre du Golfe, dont Baudrillard, déçu par ce qu’en avait montré la télévision, soutint qu’elle n’avait pas eu lieu, la pseudo-direct du Loft apparut comme plus réel que n’importe quel genre télévisuel. Daniel Schneidermann alla jusqu’à écrire dans "Le Monde" que c’était le meilleur "documentaire" que l’on ait fait sur les jeunes ! On n’en est plus là. Heureusement. Il n’y a plus grand monde, je crois, pour soutenir une telle position. Le "Soyez vous-même !" de Loft story (qui fleure bon la sagesse antique !) a été recouvert par le mot d’ordre de "Secret Story", "Méfiez-vous des apparences".

Jeu de rôle

En sorte qu’il ne reste plus de la télé-réalité que le nom. "Secret Story" est plus que tout autre programme classé sous cette étiquette un jeu de rôle. Loin d’être le narrateur de sa propre histoire, chaque candidat est soumis aux décisions narratives de "La Voix", qui organise le récit à sa guise, en fonction des attentes du téléspectateur ou des surprises qu’on lui réserve pour le retenir devant l’écran. L’un des procédés narratifs les plus utilisés est vieux comme le scénario hollywoodien ou, plus exactement, comme les tragédies du XVIIe siècle. Il s’agit de placer les candidats devant des situations "cornéliennes", des "dilemmes", qui provoquent des conflits internes. Certes on n’hésite plus entre "venger un père, et perdre une maîtresse", mais le principe du jeu est le même : il faut, par exemple, dire à une "locataire de la maison" qu’on l’aime alors qu'il n’en est rien, sous peine de faire perdre de l’argent à son équipe.

Choisir entre l’estime de soi et les intérêts du groupe

Sans cesse, les candidats ont à choisir entre une conduite personnelle morale et le bien-être de leur équipe. Les "missions" de "Secret Story" prennent souvent le "joueur" en étau entre ce qui est bon pour lui et ce qui est bon pour le groupe, en sorte qu’il doit choisir entre l’estime de soi et les intérêts de ce dernier. À haute dose, ces injonctions finissent par rendre fou, tout en faisant une victime collatérale, celui ou celle qui a cru à la sincérité de celui qui ne faisait que jouer un rôle dicté par la production. Un seul s’en tire indemne : le téléspectateur, dont le plaisir est l’ultime finalité. Par son dispositif même, "Secret Story" met celui-ci dans une position où il jouit de la situation difficile dans laquelle la production a mis le candidat. Tout l’enjeu des "missions" est en effet de savoir comment il va jouer et d’observer si la personne qu’il manipule va comprendre qu’il s’agit d’un rôle et non pas de la "vraie vie", comme on dit dans ce programme. Et, bien sûr, rien ne provoque plus de jouissance que la "confusion des sentiments" : le but du jeu est qu’une jeune femme qui a des sentiments pour un garçon prenne au sérieux ce qui n’est qu’un "foutage de gueule". C’est ce qui m’a amené à soutenir à maintes reprises que le spectateur appréciant ses programmes est un brin sadique. Dès lors, on peut se demander comment va évoluer "Secret Story". Car, pris à leur propre piège, le producteur et le diffuseur sont aussi devant un dilemme.

On m'a demandé de rejoindre le "comité de déontologie"

Pour fédérer le plus largement possible le public, pour ne pas créer d’"objection" dans la famille, ils ont décidé d’éviter les personnages trop provocants et les secrets trop malsains. À tel point que, l’année dernière, la présidente d’Endemol, me demanda de rejoindre son "comité de déontologie" pour, notamment, choisir des secrets acceptables d’un point de vue éthique. J’ai évidemment refusé pour la raison que je viens d’expliquer : le dispositif de "Secret Story" est en lui-même pervers et, quel que soient les aménagements qu’on lui apporte, il le restera car le plaisir du spectateur est fondé sur une pulsion sadique et pas seulement voyeuriste. De mon côté, le dilemme entre argent et morale personnelle a donc été tranché facilement ! Mais qu’en sera-t-il de celui du spectateur : choisir entre une télé-réalité "méchante", qui provoque des rebondissements, des situations dramatiques, des émotions des personnages, et une télé-réalité "gentille", si morale que tout en devient aseptisé et sans saveur ?

La télé-réalité vers la gentillesse ?

Tous les observateurs de "The Voice" ont remarqué son côté "Bisounours" : rien que des bons candidats, un jury toujours subjugué par leurs prestations… bref, rien de cruel. Et, néanmoins, le programme a marché. Cela signifie-t-il que les téléspectateurs ont changé au sortir du quinquennat Sarkozy et qu’ils recherchent aujourd’hui plus de douceur et moins d’agressivité, raison pour laquelle ils ont préféré "la force du gentil" à la brutalité de l’autre candidat ? C’est une hypothèse envisageable. Cela prouverait, une fois de plus, que les formats télévisuels sont le symptôme de transformations latentes de notre société. Ce qui justifie de les étudier sérieusement.
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