J'ai souhaité me présenter pour narguer la classe politique actuelle. Tout le monde peut se présenter à une élection, mais malheureusement, aujourd'hui personne n'est capable d'assumer le fait d'être élu.
Palais de l'Elysée, le 6 janvier 2011 (Sipa).
L’idée m’est venue lorsqu’un jeune SDF est venu me voir à l'église pour prendre une douche. Il ne demandait pas d'argent, pas à boire, pas à manger... Juste la décence de pouvoir être comme tout le monde : quelqu'un de propre ! Cela a fait tilt : impuissant devant la misère du monde, je me suis dit qu'étant pasteur, donc un homme de parole, je me devais d'ouvrir ma gueule pour transmettre... Et quoi de mieux pour se faire entendre que l'élection présidentielle ? Oser dire "je suis candidat", c’est pouvoir dire aux autres qu'il faut absolument qu'ils soient efficaces.
Un budget transparent
Je sais que ne pourrais pas me présenter, obtenir les 500 signatures d'élus est quelque chose d'extrêmement compliqué. Je souhaite néanmoins pouvoir échanger, rencontrer, parler de notre pays et de ces êtres humains que l'on appelle (avec beaucoup de maladresse) : les "pauvres". Je n'ai pas fondé de parti, mais une association s'intitulant "Croyance démocrate" (croire en la démocratie) qui accueille, converse et écoute.
Je souhaite dénoncer un manque d'honnêteté des grands candidats qui se contentent de nous expliquer qu'ils vont compenser une nouvelle dépense par des suppressions ou réductions de postes sans jamais présenter un budget global de la France. En 2009, la dette atteignait 1489 milliards d’euros, soit 77,6 % de notre PIB. Or, les critères de Maastricht interdisent à tout état membre de dépasser la barre des 60 %. Le simple remboursement de cette dette pénalise fortement le budget du pays. Alors l'on remet à la mode des vieux mots, notamment "crise", qui sous-entend que "ce n'est pas de la faute de notre gouvernement". Une crise toujours là pour justifier les "cancres de la politique", comme durant les chocs pétroliers, les dévaluations du franc, la crise des subprimes, etc.
Réinstaurer le partage
La seconde grande idée de mon programme repose sur la solidarité. Le Français est égoïste. Il veut son petit confort : sa petite villa, sa piscine, sa chambre d'amis (souvent vide) et quand il est question de partage, souvent qu'il n'y a plus personne. Cela donne le sinistre résultat des personnes qui crèvent de froid dans la rue l'hiver... Et du Parisien pressé qui marche vite au risque de les écraser !
La solidarité, c'est d'inviter quelqu'un de seul à sa table, partager sa chambre d'amis vide avec quelqu'un qui vient d'être expulsé. Ce n'est pas toujours donner de l'argent, ce qui manque cruellement dans ce monde c'est un peu d'humanité, ça, ça vaut toutes les politiques du monde.
Je propose une vraie république solidaire, en prélevant 5 % du salaire de celles et de ceux qui gagnent plus de 15.000 euros par mois pour le reverser dans une offre de solidarité. Alors, personne ne vivrait en France avec moins de 1000 euros par mois. Le but n'étant pas de créer un RSA "caviar", mais de créer des emplois dans les collectivités locales, dans les petites communes qui sont oubliées et où souvent les élus prennent sur leur temps de travail pour gérer la commune.
Je développe d'autres projets dans mon livre Un pasteur pour la France, par exemple la suppression du Sénat qui ne sert à rien et qui coûte énormément ou le retour à un seul salaire pour nos hommes politiques. Je suis pour le cumul des mandats à condition que le cumulard ne perçoive qu'un seul salaire.
Laurent Lenne (Crédit : Mohamed Boualam).
Je crois en la force de la parole pour qu'elle puisse porter jusqu'à ceux qui seront élus pour accomplir des actes. Ma candidature n'a que très peu de chances d'aboutir, mais les rencontres que j'ai fait avec des hommes politiques me laissent penser qu'on peut et qu'on doit croire encore en la politique, au débat. On ne doit pas simplement aller voter pour éviter Le Pen au second tour, mais s'investir dans les débats d'idées des partis.
On pourra me reprocher ma "dispersion". Il faut savoir que je suis intermittent du spectacle depuis 15 ans, et que je gagne ma vie en chantant. Je suis en quelque sorte un "prêtre-ouvrier", non rémunéré par l'Eglise parce que je m'épanouis dans mon métier. J'ai fait de la télévision un jour parce que ces deux activités valaient bien un secret... en pensant que cela aiderait le prêtre dans son témoignage et le chanteur dans sa quête de notoriété.
Le prêtre continue de prêcher (s'investir en politique c'est aussi témoigner de ce Jésus qui a dit qu'il était plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche de rentrer dans le royaume des cieux). Je suis actuellement à Paris ou j'enregistre un album de 12 chansons de ma composition qui sortira très prochainement et qui parlera des valeurs de la démocratie... Telle que je la rêve!