Marie Josée se confesse et racontes tout sur ses "années bonne soeur"...

Citation :: «J’ai vécu 6 ans en communauté religieuse. » Chaque fois que je fais mon « coming out », je prends plaisir à observer la réaction des gens. Des yeux qui s’écarquillent à la bouche qui s’ouvre mollement, j’ai droit à toutes les réactions. Une fois le choc encaissé, deux questions brûlent les lèvres de mes interlocuteurs : « Pas de sexe pendant 6 ans ? » et « Pourquoi avoir renoncé à tout pour servir Dieu ? » Hé non, pas de sexe ! C’est ce qu’on appelle la chasteté, un mot en voie d’extinction. La deuxième question, il m’arrive encore d’y réfléchir… « pourquoi » ?

Du plus loin que je me souvienne, j’étais fascinée par Dieu. Enfant, il me faisait peur. Adolescente, il me révoltait. Fréquentant une école secondaire privée tenue par des religieuses, la transmission de la foi était à l’honneur. Lors des cours d’enseignement religieux, j’exposais énergiquement les failles du catholicisme et j’aimais provoquer des débats. Je tenais mes arguments de mes lectures Nouvel-Âge. Mes amies me surnommaient « Marie-Jésus » tellement le sujet m’enflammait. Sœur M-L a fait preuve d’une grande patience devant ma fougue et mes raisonnements parfois farfelus. Voyait-elle quelque chose en moi ? Sous ma révolte, percevait-elle une quête que je ne comprenais pas encore?

« Dieu existe-t-il vraiment ? Pourquoi suis-je sur la terre ? Quel est le sens de ma vie ? Qu’arrive-t-il après la mort ? » Pas très commun comme questionnement pour une adolescente de 15-16 ans ! C’était plus fort que moi, j’y réfléchissais constamment. Un matin, Sœur M-L nous mentionna qu’elle avait reçu une chaine en or de sa famille. Son vœu de pauvreté exigeait qu’elle remette le bijou à sa supérieure. Cette annonce, insignifiante aux yeux de mes copines, me fit sortir de mes gonds. «Totalement absurde ! De quel droit la prive-t-on d’un tel cadeau? De la pure dictature !» La raison pour laquelle Sœur M-L acceptait ce sacrifice m’échappait. Une donnée importante manquait. J’étais loin de me douter que quelques années plus tard, j’accepterais moi aussi de me départir de toutes mes possessions.

En rébellion contre le christianisme toute ma jeunesse, j’ai quand même abouti dans un centre catholique pour une retraite de 5 jours. Je n’adhérais pas aux croyances de ce groupe mais je voulais bénéficier de l’énergie d’un tel lieu. C’est là que tout a basculé. À 22 ans, j’ai vécu une expérience insaisissable, un truc purement irrationnel! J’ai rencontré Jésus. Pas en apparition (c’eût été le summum!) mais au plus profond de mon cœur. Suite à un « pep-talk » de sa part, il est devenu mon complice, mon pote, mon guide. Je l’AIME… aussi simplement que ça. Tout un revirement! Je comprenais enfin ce qui animait Sœur M-L. Surtout, j’avais besoin d’en savoir plus sur ce Jésus et j’ai décidé de joindre cette communauté.

«Pourquoi ?» Par appel. Je me sentais faite pour cela. Quoi de plus naturel pour une femme passionnée par le monde de l’invisible depuis son enfance ? Certains sont nés pour construire des maisons et d’autres pour enseigner aux enfants, ma vocation à moi c’était Dieu. Et j’allais enfin m’y consacrer ! Reste qu’un choix d’ordre spirituel s’avère facilement contestable. Mon entourage a spéculé sur mon entrée en communauté religieuse: dépression, besoin d’être aimée, lavage de cerveau. Prise au dépourvu par la tournure de ma propre vie, comment savoir si je faisais le bon choix ? L’immense paix que je ressentais fût mon ultime confirmation. J’ai vendu tous mes meubles ainsi que ma voiture et j’ai fait mes valises pour le couvent !