Ils avaient caché le corps de la belle-maman dans du goudron

Ils ne se parlent plus. Aucun des deux ne reconnaît les faits qui leur sont reprochés et ils s’accusent mutuellement. Ce matin devant la cour d’assises de la Creuse, à Guéret, Séverine L., 30 ans, et son ancien compagnon, Pascal F., 51 ans, vont malgré tout devoir expliquer les circonstances de la mort de Madeleine, la maman handicapée de Séverine.

Et comment, ensuite, pendant quatre ans, le couple aujourd’hui séparé n’a cessé de vouloir faire disparaître ce corps en le dissimulant sous de la chaux, puis dans de l’acide, du ciment et du goudron avant que les gendarmes n’en découvrent les derniers restes.

Les faits remontent à mars 2004. D’après les investigations menées par les enquêteurs et avec les premiers aveux du couple — l’homme avait tout d’abord reconnu les faits avant de se rétracter —, la maman de Séverine, 56 ans et handicapée physique à 80%, meurt sous des coups très violents portés par le couple.

Elle vivait avec sa fille et son compagnon depuis environ un an, à Arrènes, ville située à la limite de la Creuse et de la Haute-Vienne, et elle était régulièrement frappée. En garde à vue, Séverine n’avait reconnu qu’une paire de gifles et une bousculade sur sa maman, imputant le déchaînement de violences mortelles à son ancien concubin.

Pour faire disparaître le corps, le couple a ensuite multiplié de sordides stratagèmes. Après avoir congelé la victime, ils l’ont enterrée et recouverte de chaux dans la cave. Ils l’ont également aspergée d’acide dans le garage, puis placée dans une lessiveuse au grenier. Les restes avaient enfin été dissimulés dans deux gros pots de peinture sous du goudron et transportés dans un garage loué à Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier) avant d’être ramenés au nouveau domicile du couple, à Saint-Hilaire, sur la commune de Saint-Priest-la-Plaine, où les gendarmes les ont trouvés fin novembre 2007.

Ce sont les frères et sœurs de Séverine, inquiets de ne plus avoir de nouvelles de leur maman et ne croyant pas à la version de son départ avec un compagnon d’hôpital, qui avaient donné l’alerte.

Séverine, sans emploi au moment de son arrestation, et Pascal, chauffeur-livreur, ne sont pas poursuivis pour le sort fait à la dépouille, même si ce thème morbide risque d’être abordé au procès. Ils devront en revanche répondre de « violences habituelles sur personne particulièrement vulnérable ayant entraîné la mort sans intention de la donner », un crime puni de trente ans de réclusion criminelle. Ainsi que d’escroquerie, car ils avaient rédigé des faux administratifs pour continuer à percevoir l’allocation pour adulte handicapé de la victime. Ils ont ainsi indûment reçu environ 16 000 € en quatre ans. Le verdict est attendu vendredi. Les trois enfants du couple ont été placés depuis leur interpellation, ils ne devraient pas assister au procès.